
Le cardinal allemand Reinhard Marx a présenté sa démission à la tête de son archidiocèse au pape François. Il souhaite ainsi « assumer personnellement » la responsabilité, non seulement de ses erreurs, mais aussi de l’Église en tant qu’institution, en ce qui concerne la gestion des abus sexuels.
Dans une lettre envoyée le 21 mai 2021 au pape François, le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich et Freising a présenté sa démission face à « l’échec » de l’Église catholique en Allemagne en ce qui concerne la gestion des abus sexuels.
Dans cette lettre, disponible sur le site de son diocèse depuis le 4 juin, l’archevêque qui affirme que cette décision a été murement réfléchie, explique qu’il est important pour lui de « partager la responsabilité de la catastrophe des abus sexuels commis par des responsables de l’Église au cours des dernières décennies ».
Le cardinal, prêtre depuis quarante-deux ans et évêque depuis près de vingt-cinq ans, ajoute qu’il ne suffit pas de réagir « uniquement et exclusivement » à propos « des manquements de certains individus » mais qu’en tant qu’évêque il est un représentant de « l’institution de l’Église dans son ensemble ». Et en tant que représentant de cette institution, il entend par sa démission porter la responsabilité des manquements de l’Église catholique en ce qui concerne les abus sexuels.
« En tant qu’évêque, j’ai une ‘responsabilité institutionnelle’ pour les actes de l’Église dans son ensemble ainsi que pour ses problèmes institutionnels et ses échecs dans le passé. »
L’archevêque de Munich et Freising pointe également ses propres fautes dans le communiqué de presse qui accompagne cette lettre. « N’ai-je pas contribué à favoriser des formes négatives de cléricalisme par mon propre comportement et de fausses préoccupations concernant la réputation de l’Église ? » se demande le religieux qui regrette que « l’accent mis sur les victimes d’abus sexuels » n’ait pas toujours été « le leitmotiv central » de l’Église.
« Je sens qu’en gardant le silence, en négligeant d’agir et en me concentrant trop sur la réputation de l’Église, je me suis rendu personnellement coupable et responsable. » affirme le prélat qui veut également montrer par ce geste fort que c’est « le mandat de l’Évangile » qui est « au premier plan ».
Une décision pourtant difficile pour Reinhard Marx qui confie aimer « être prêtre et évêque » et qui espère « pouvoir continuer à travailler pour l’Église à l’avenir ». En présentant sa démission et en portant sa « part de responsabilité dans les événements passés », il espère « soutenir un nouveau départ qui s’impose » et écrit que « l’impasse » à laquelle est confronté l’institution catholique pourrait devenir « un tournant ».
« C’est mon espérance pascale et je continuerai à prier et à travailler pour que cela se produise » conclut-il.
Le ministre-président de Bavière, Markus Söder a remercié le cardinal Reinhard Marx pour ses services « au nom du gouvernement de l’État bavarois et personnellement » et a déclaré que la décision du religieux, ainsi que son engagement « méritent le respect ». Le politicien reconnait également qu’il y a un grand besoin de changement dans les églises que « tout le monde ressent ». En tant que chrétien, il affirme toutefois être convaincu que « la foi et l’Église sont bien vivantes et qu’elles pourraient encore avoir beaucoup à donner à l’avenir ».
Camille Westphal Perrier
Crédit image : Creative Commons / Wikimedia
Article initialement publié en juin 2021.